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Le pouvoir au candidat ?

La pénurie de main d’œuvre dans de nombreux secteurs fait émerger l’idée d’un renversement du rapport de force entre entreprises et candidats.  Aussi séduisante soit-elle pour nos aspirations à la justice et à l’égalité, cette proposition se heurte à la configuration du marché de l’emploi.


Des entreprises en mal de salariés 

Bien que le déficit de travailleurs affecte de nombreuses professions, des techniciens de l’industrie aux cadres de l’IT en passant par les enseignants et les artisans, le marché de l’emploi présente des dynamiques très contrastées. Pour s’en convaincre, considérons les exploits de souplesse et de largesse que peuvent accomplir certaines structures pour attirer par exemple un médecin en territoire rural ou les experts les plus pointus dans l’industrie des hautes technologies. Et constatons d’autre part l’intransigeance – ou les concessions marginales -, d’employeurs préférant serrer les dents avec des effectifs décimés à une revalorisation significative de leur offre de travail.


Qui a le pouvoir ?

Un faisceau complexe de critères détermine la réalité de ce pouvoir du candidat ou de l’employeur. La nature de celui-ci s’entend comme l’aptitude à choisir son partenaire et à lui imposer ses conditions. En somme, le pouvoir d’accepter ou de refuser une proposition de la manière la plus avertie et conformément à ses intérêts. Le renversement de pouvoir a lieu en réalité lorsque ce n’est plus l’employeur qui a la faculté de choisir entre plusieurs candidats également légitimes et motivés, et qui peut alors déterminer plus ou moins à sa guise les modalités du contrat de travail, mais le candidat, qui, devant plusieurs propositions, sera en mesure de sélectionner la mieux-disant, voire de faire monter les enchères ou encore de formuler des exigences personnelles.


En définitive, la formation de ce pouvoir se situe certes de manière on ne peut plus classique au croisement de l’offre et de la demande, mais dépend fondamentalement d’un contexte. La rencontre d’un profil rare et d’une offre d’emploi abondante donnera le pouvoir au candidat, comme un emploi rare face à une population foisonnante et désœuvrée réservera la prérogative de la sélection à l’employeur. Mais que la simplicité de l’équation ne nous trompe pas. Le rythme soutenu des évolutions dans la production de valeur donnera sa prime de manière éminemment inégalitaire à l’acteur dont la plus-value sera la plus évidente et qui  saura le mieux se rendre indispensable à l’autre dans des circonstances particulières, situées en lieu et en temps.